21/12/2017

Quelques précisions utiles à propos du partage de la Palestine en 1947

Le partage de 1947 :
Une iniquité !
par Maurice Buttin, président du CVPR-PO - 29 novembre 2017
Avant de contester la résolution de l’ONU du 29 novembre 1947 concernant le partage de la Palestine, il est nécessaire de situer en quelques lignes le problème dans son cadre historique.
De tous temps, la Palestine a été habitée par les Palestiniens, quel que soit leur nom. La contribution des Juifs, quelques centaines d’années avant Jésus-Christ, ou celle des musulmans sept siècles après, a, essentiellement, été un apport en religion plutôt qu’en population. Et celle-ci - arabes, musulmans, juifs et chrétiens - est de bonne entente
après la destruction de Jérusalem, en 70, par Titus et après la répression de la dernière révolte juive par Hadrien, en l’an 132, il reste très peu de juifs en Palestine. Ainsi, en 1918, il y en a environ 56 000 pour de 550 000 arabes, musulmans et chrétiens.
En 1897, à Bâle, lors de leur premier Congrès, les sionistes définissent leur programme - qu’ils mettront 70 ans (en juin 1967) à réaliser - : « le sionisme a pour but la création en Palestine, pour le peuple juif, d’une patrie, garantie par le droit public ».
En 1917, par la « déclaration Balfour », ils obtiennent une reconnaissance internationale, confirmée lors des accords de San Remo - partage du Proche-Orient entre les Français et les Britanniques - et lors de la proclamation des mandats, en 1922, par la SDN, le mandat sur la Palestine confié aux Britanniques, contenant la Déclaration.
Le soulèvement palestinien de 1937/39, très durement réprimé par les Britanniques, ne modifie au début pas grand chose. Les occupants envisagent même un premier partage de la Palestine (Commission Peel). Ce n’est que devant les risques d’une nouvelle guerre mondiale que les Britanniques changent en 1939 de politique et décident, dans un Livre Blanc, la stricte limitation de l’immigration juive et l’éventualité de la création d’un État palestinien unique dans les dix ans à venir. Toute idée de partage disparaît.
Les sionistes ne l’acceptent pas et répliquent par la confirmation de leur charte, lors d’un Congrès à l’hôtel Baltimore à New-York, en mai 1942 (Exigence d’un État juif sur toute la surface du mandat et rejet définitif de la thèse de l’État binational) puis, par une campagne de violence et de terrorisme, à la fin de la guerre, contre les Britanniques. Début 1947, la position de ceux-ci devenant intenable, ils décident d’abandonner leur mandat et de confier le sort futur de la Palestine aux Nations Unies.
Une Commission spéciale est chargée d’étudier la question du gouverne- ment futur de la Palestine. Fin août 1947 elle présente deux projets, l’un majoritaire qui propose le partage de la Palestine entre deux États, l’un juif, l’autre arabe, avec Jérusalem sous contrôle international. L’autre, minoritaire - représentants de l’Inde, de l’Iran, et de la Yougoslavie - qui préconise l’instauration d’un État fédéral, comportant un État juif et un État arabe, avec Jérusalem comme capitale. Je relève un point de ce projet, prémonitoire : « de la solution qui sera donnée à la question palestinienne dépendra dans une large mesure l’avenir de la paix et de l’ordre en Palestine et dans le Proche-Orient en général. A cet égard, il importe d’éviter que le séparatisme qui caractérise actuellement les relations des Arabes et des Juifs dans le Moyen-Orient s’accentue et donne naissance à un dangereux irrédentisme ; or, telles seraient les conséquences inévitables du partage, sous quel- le que forme que ce soit. »
Ni les Palestiniens - à qui rien n’est demandé ! - ni les États arabes (7 à l’époque à l’ONU) n’acceptent la résolution de partage.
Ils soulèvent :
         -  L’incompétence de l’Assemblée Générale de l’ONU, qui ne possède aucune souveraineté sur la Palestine.
         -  Un empiétement sur la souveraineté du peuple palestinien : aucun référendum n’est prévu. (Et pour cause les 2/3 de la population sont alors des Arabes).
         -  Une violation de la Charte de l’ONU: en vertu de l’article 1 de celle-ci, elle est tenue de respecter « le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes ».
         -  Un déni de justice : le recours à la Cour internationale de justice proposé par les États arabes, et une partie des membres de l’ONU, est rejeté par la majorité de la Commission. Les sionistes font alors le maximum de pression sur les membres de l’ONU, afin d’obtenir un vote favorable au partage. Ils réussissent à s’assurer le concours des États-Unis. Un premier vote intervient le 25 novembre 1947. Il manque encore une voix pour que la résolution soit acceptée (2/3 des voix), dont celle de la France. Le Président étasunien, Truman, va user de tout son pouvoir, allant, semble-t-il, jusqu’à menacer la France de lui couper les vivres... Le 29 novembre, l’Assemblée Générale de l’ONU adopte le plan de partage (résolution 181) par 33 voix contre 13 avec 10 abstentions. A noter que l’URSS, conformément au discours d’Andreï Gromyko à l’ONU, le 14 mai 1947 - appelé par certains la « déclaration Balfour soviétique » - a appuyé le partage, pensant qu’Israël pourrait devenir un nouvel État communiste... Pour le mouvement sioniste, ce vote est une énorme victoire, la reconnaissance de la fondation du nouvel État d’Israël qu’ils espéraient depuis 1897. Comme l’écrira Henry Cattan, le représentant palestinien à l’Assemblée Générale de l’ONU : « Le partage est une injustice flagrante, il donne aux immigrants juifs le gâteau (ils occupaient 6 % de la surface du mandat, ils obtiennent 56 %) et aux Palestiniens les miettes ». La première guerre israélo-arabe qui suivra (1948/49) permet à Israël d’élargir son territoire à 78 % du mandat britannique... Mais aussi d’expulser 700 000 Palestiniens, en application du vieux slogan : « Une terre sans peuple pour un peuple sans terre » ! C’est la Nakba !
-->

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire